La Louisiane, c’est un voyage à part, dans une région à part. Cet État du sud profond des USA n’est pas tout à fait américain, il est aussi français, espagnol, africain, haïtien créole, etc. Il célèbre le métissage à tous les coins de rue, dans son architecture, dans sa population, dans sa musique, dans sa gastronomie et encore bien d’autres domaines.

Issue d’une histoire mouvementée, avec des zones d’ombre et des illuminations, la Louisiane a cette petite chose unique, indéfinissable, mystérieuse et impalpable qui ne pourra que vous séduire. Célèbre pour son jazz New Orléans et sa culture cajun, son esprit vaudou et ses bayous illustres, cet État vous emporte dans un monde mystérieux et festif dont vous vous souviendrez. Largement touchée par l’ouragan Katrina en 2005, elle se relève tout en douceur et assure d’autant plus le mythe.

Louisiane
La Nouvelle Orléans

La naissance de la Louisiane

La Louisiane abrite nos autres cousins américains. Fondée par des explorateurs français, elle est devenue un État américain en 1812 et compte aujourd’hui, du fait de son histoire, une population éminemment multiculturelle.

À l’origine, la Louisiane était peuplée de nombreuses tribus amérindiennes : les Houmas, les Chitimachas, les Atakapas, les Choctaws (dont les Bayougoulas), les Natchez, les Tunikas, les Muskogean, les Quapaws, etc. La plupart de ces groupes ont disparu aujourd’hui, mais certains tentent toutefois de sauvegarder leur culture. Vous pourrez visiter quelques réserves, dont celle des Chitimacha, près de Franklin.

Vers le milieu du XVIIe siècle, la France, déjà implantée au Québec, décide d’investir plus largement le continent américain. Elle envoie des expéditions vers le sud et vers l’ouest, pour dénicher des terres plus vertes. C’est en 1673 qu’un explorateur français du nom de Jacques Marquette met pour la première fois les pieds en Louisiane. Dès 1682, la France s’approprie le territoire et le nomme tout naturellement Louisiane, en l’honneur de Louis XIV.

L’État tombe ensuite provisoirement aux mains des Anglais et des Espagnols, puis repasse sous la houlette de la France en 1800, avant d’être vendu par Napoléon aux États-Unis, tout juste formés en 1803.

En 1812, elle devient le 18ème État américain.

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Plantation de coton

La Louisiane s’est développée essentiellement grâce à la culture du coton, de la canne à sucre, et grâce à la pêche (elle fournit 30% des fruits de mer et poissons consommés aux États-Unis). Elle a connu plusieurs vagues d’immigration à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle : des Acadiens venus du Québec, de nombreux esclaves africains (immigration pour le moins involontaire mais marquante), des Français et des Espagnols venus des deux parties de Saint-Domingue, ainsi que des Créoles arrivant de Haïti.

Louisiane
Mississipi

Ils se répartirent le territoire et construisirent des petites colonies qui se développèrent progressivement. Ces différentes vagues ont amené un multiculturalisme, pas toujours assumé par l’État (l’esclavage et la ségrégation y connurent de beaux jours), mais qui fait cette richesse unique, et qui se retrouve dans la population, dans la culture, dans l’architecture, et dans la gastronomie. Un vrai melting pot !

Quant aux français, aujourd’hui, seuls 5 à 7 % de la population parle français ou créole. Ils se concentrent essentiellement au sud et à l’ouest de l’État. Si vous espérez comprendre ce qu’ils disent, on vous arrête tout de suite, vous allez avoir besoin de traducteurs.

Aujourd’hui, la Louisiane est un État relativement pauvre et a subi, comme on le sait tous, le passage de l’ouragan Katrina, en 2005, qui a détruit de nombreux édifices et maisons. La pauvreté s’en est trouvée accrue, mais la région se reconstruit rapidement. Cet ouragan, tout le monde vous en parlera, c’est un traumatisme encore vivace et qui fait maintenant partie de l’histoire locale.

Petit tour en pays Cajun

Pour découvrir à quoi ressemble un territoire francophone, cap sur le pays Cajun ! Situé dans un triangle au sud de la Louisiane, c’est l’endroit où sont réunis les francophones. Principalement composée de bayous et de marécages, cette région fut la seule où les Acadiens furent autorisés à s’installer.

Lafayette est considérée comme la capitale culturelle de ce pays cajun. Ce n’est pas une jolie ville, mais il faut y faire un tour pour s’imprégner de l’ambiance festive du sud. De nombreuses fêtes et kermesses y sont organisées toute l’année ; elles vous plongeront en pleine période coloniale. Si vous y allez en février, ne ratez surtout pas le Mardi Gras local, c’est hilarant ! En avril, c’est le Festival International de Louisiane, passionnant si vous voulez en savoir plus sur la culture locale.

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Belles maisons de la Nouvelle Orléans

Partout, vous serez baignés de musique, et plus exactement, le zydeco (ou zarico), un genre musical conçu dans les années 30, mêlant Blues et Rhythm’n’Blues. Cette musique, menée par l’accordéon, était originellement chantée en français, mais est de plus en plus chantée en créole (trouvez un album des incontournables frères Chénier et vous saurez de quoi nous parlons).

Le musée et le centre culturel Acadien valent le détour, mais ce qu’il y a à voir en priorité, c’est l’Acadian village, un village du XIXe siècle joliment réhabilité, situé au sud-est de la ville.

À découvrir également autour de Lafayette, des villages acadiens typiques, comme Erath, Abbeville (très joli), Eunice (avec son usine d’accordéons), Franklin, New Iberia (avec sa maison de planteur datant de 1834), Avery Island (où est fabriqué le Tabasco), Natchitoches (la plus vieille ville de Louisiane, au style architectural français), Breaux Bridge (essayez de participer à une soirée ‘fais dodo’), ou encore Saint Martinville, autrefois surnommé Le Petit Paris. Cette dernière ville est célèbre pour une légende qui veut que deux amants, séparés lors de la grande migration acadienne, se seraient retrouvés ici pour mourir sous un chêne. C’est le chêne d’Evangeline que vous pourrez admirer. Saint Martinville abrite également la plus ancienne église du pays cajun, l’église Saint-Martin-de-Tours et la Maison Duchamp, datant de 1876.

Lousiane : pays du jazz, du blues et autres courants musicaux

Jazz, musique cajun, zydeco et blues, autant de courants de musiques qui sont nés et se sont développés (certains plus que d’autres) en Louisiane. Vous entendrez de la musique partout. Cependant, pour faire la différence entre tous les courants, il faut quelques connaissances.

Les musiques cajun et zydeco ont les mêmes racines. La Cajun est la musique des descendants d’acadiens. Elle est, comme son nom l’indique, chantée en cajun, un patois français savoureux. Violon et accordéon en sont les instruments rois. Vous pourrez en écouter à la Nouvelle Orléans, à Bâton Rouge et au Mulate’s, à Breaux Bridge.

La Zydeco, la musique des noirs, se rapproche plus du blues et associe principalement guitare et accordéon. C’est la chanson « Les haricots sont pas salés » (titre hautement expressif s’il en est) qui a donné son nom à ce courant musical. Vous pourrez en écouter partout dans la pays Cajun.

Le Delta blues serait né dans la plantation Dockery Farm plantation, où Charlie Patton séjourna. C’est un courant du Blues, dont les instruments dominants sont la guitare, l’harmonica et la cigar box guitare. Rendez-vous dans la région de Delta pour dénicher les meilleurs groupes.

C’est à la Nouvelle-Orléans surnommée la Big Easy que le jazz serait né, et plus précisément le New Orleans jazz, un courant caractéristique, issu d’influences noires, blanches et créoles. Louis Amstrong (né à Storyville, Nouvelle-Orléans) en est le plus célèbre représentant. Il existe deux dates importante dans la conception du New Orleans jazz : 1917, date du premier enregistrement par un groupe blanc, et 1922, date du premier enregistrement par un groupe noir. Ceci dit, dès le début du XXe siècle, on trouvait des orchestres de ragtime et le dixieland (deux courants proches) dans le Vieux Carré de la Nouvelle-Orléans ainsi qu’à Storyville.

Petit précis de culture Vaudou

Même si c’est devenu une attraction touristique (tous les magasins en vendent), la culture vaudou fait bel et bien partie de la Louisiane. Cette pratique religieuse originaire d’Afrique de l’Ouest (ce sont esclaves africains qui l’ont importée) est très secrète, et serait pratiquée par près de 10% de la population au moins. Ce culte animiste mêle des pratiques religieuses variées, entre sorcellerie et rituels africains et chrétiens.

Les dieux vaudous communiquent avec les hommes, et notamment les femmes, au moyen de grigri : amulettes, poupées aux pouvoirs particuliers, etc.
Un joli musée vous en apprendra plus à la Nouvelle-Orléans. Vous pouvez aussi aller vous recueillir sur la tombe de Marie Laveau, la plus célèbre « Voodoo Queen ».
Le Congo Square est un square où les esclaves avaient pour habitude de venir danser le samedi soir afin de retrouver des esprits. Si vous voulez voir ce haut lieu, c’est maintenant le square Louis Amstrong.

Enfin, si vous êtes tentés, une petite visite au cimetière peut être très intéressante. Les cimetières de la Nouvelle-Orléans abritent en effet des tombes surélevées à l’architecture souvent splendide.

 Sur la route des bayous de Louisiane

Dans ce climat subtropical humide, ce qu’il y a à voir et ce qui fait la particularité de la Louisiane, ce sont les bayous. La région des marais forme un croissant au sud de l’État, en pays cajun, notamment. Ces étendues d’eau stagnante réparties en marais et lacs entrelacés sont formées par d’anciens bras du Mississippi, et s’étendraient sur un tiers de la Louisiane. Ils constituent un réseau navigable de plusieurs milliers de kilomètres. On peut les visiter principalement en bateau, mais aussi à pieds pour ceux qui sont aménagés.

Louisiane
Bayou

Vous trouverez plusieurs swamp tours : le cajun man tour sur le Cypress swamp, sur la Bayou Vermillon, Bayou des Allemands, et le Bayou Tèche notamment sur l’Atchafalaya, le plus vaste marécage d’Amérique. C’est à faire absolument car c’est unique : vous évoluerez dans un dédale de canaux naturels plus ou moins aérés, entourés d’une végétation fournie, sauvage et peu hospitalière.

Dans ce paysage mystérieux et somptueux, vous découvrirez une flore riche, ainsi qu’une faune unique et parfois dangereuse, car les alligators guettent, alors attention à vous.

La route des plantations de Lousiane

Les plantations de coton, de tabac, de riz, d’indigo et de canne à sucre font pleinement partie de l’histoire de la Louisiane. Symbole de l’esclavage, elles traînent avec elles beaucoup de mauvais souvenirs – et quelques bons, puisqu’elles sont incidemment le lieu de naissance du jazz. Elles sont l’occasion d’une balade charmante dans un paysage à la Autant en emporte le Vent.

Deux régions abritent des plantations : une au nord, dans le delta, plus portée sur le coton, et une au sud, entre Bâton Rouge et la Nouvelle-Orléans, davantage spécialisée dans la canne à sucre.

Plus de 300 plantations bordaient le fleuve Mississipi au XIXe siècle. Ces sites historiques sont aujourd’hui, pour la plupart, transformés en hôtels ou musées. Il en reste actuellement une centaine environ.

Plantation San Francisco

À voir en particulier, la plantation Dockery Farm, dans le delta, considérée comme le véritable lieu de naissance du blues.

Mais aussi Melrose, au nord, avec son petit musée consacré à une artiste peintre noire.

La Oak Alley, célèbre pour sa magnifique allée de chênes, l’Houma’s house (où furent tournés de nombreux films), San Francisco Plantation (la plus opulente), la Laura plantation (une plantation créole), Nottoway Plantation (plantation la plus vaste), et la Destrehan Plantation (la plus ancienne demeure).

Sur la route des plantations, vous apprécierez Saint Francisville, petite ville accueillante et agréable regroupant de nombreux édifices historiques et des plantations illustres dont la Rosedown (avec de magnifiques jardins et fleurs) et la Greenwood Plantation (où l’on peut déguster un délicieux café).

La Nouvelle-Orléans et Bâton Rouge

La Nouvelle-Orléans est la plus grande ville de Louisiane et fut provisoirement la capitale de l’État. Elle fut fondée en 1718 et nommée Nouvelle-Orléans en l’honneur du duc d’Orléans. On se sent un peu à la maison dans cette ville qui séduit par son architecture, sa population, son ambiance festive, sa gastronomie. À la fois américaine, espagnole, française, créole et africaine, elle offre une atmosphère ainsi qu’une joie de vivre uniques et réjouissantes. Le Mardi Gras ou le New Orleans Jazz and Heritage Festival sont des événements à ne pas manquer.

Quartier Français – Nouvelle Orléans

A priori, on va à la Nouvelle Orléans pour écouter du jazz ou du blues, et pour visiter le French Quarter, cœur historique – et géométrique – de la ville, restauré plusieurs fois. C’est un vrai plaisir de se promener dans ces ruelles et de profiter de la légèreté ambiante.

Le Vieux Carré abrite d’anciens édifices dotés de balcons aux grilles en fer forgé, des bâtiments d’époque (le Lafitte Blacksmith Shop et le couvent de Charles street), la cathédrale Saint-Louis construite en 1848, le Cabildo, le café du monde ou encore le marché français. Il ne reste pas grand-chose de français ici, si ce n’est le nom des rues.

Cathédrale Saint Louis

Pour la vie nocturne, vous irez à Bourbon street, vous pourrez faire une croisière sur le Mississipi en bateau à roues, prendre le fameux tramway « nommé désir » par Tenessee William et admirer les maisons de l’avenue L’esplanade.

On vient aussi à la Nouvelle-Orléans pour écouter du jazz. Il existe de nombreux clubs de qualité : le House of blues, le Mulate’s, le Tipitina’s, etc.

Dans cette ville de métissage, la gastronomie n’échappe pas aux multiples influences. Nous vous invitons donc à tester toutes les spécialités culinaires cajuns : beignets, jambalay, gombo, etc. Le tout arrosé, bien sûr pour ceux qui aiment, de sauce piquante, un vrai délice !

La ville a servi de décor à de nombreux films : Dans la brume électrique, Double Jeu, Le Maître du Jeu, L’étrange histoire de Benjamin Button, Angel Heart, etc.

La capitale de la Louisiane, Bâton Rouge, est une ville portuaire et universitaire. Elle n’abrite pas beaucoup de sites historiques. Par contre, elle serait un haut lieu du blues, et possède tout de même quelques quartiers typiques agréables. Pour l’histoire, elle doit ce curieux nom aux premiers explorateurs français qui aperçurent de grands bâtons rouges plantés par les Indiens.

Bon voyage !

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